Il était une fois... created by NyuuGG 10 years ago
...une jeune femme au prénom oublié, cadette d'une fratrie dans les terres septentrionales du royaume qui avait vu sa naissance. En des lieux fort reculés, là où la capitale n'illuminait pas les cieux obscurcis par la pénombre, elle se complaisait dans les astres, y trouvant un réconfort suffisant pour y affronter le quotidien de son séjour sur cette terre.
Ainsi, dès lors que la lumière des hommes s'affaissait pour laisser place à sa concubine égarée, celle dont le nom fut dérobé adressait son souhait à l'assemblée des corps célestes. Son désir le plus cher n'était sûrement pas de retrouver ce qu'elle n'avait jamais connu, nullement, chaque soir, elle suppliait les étoiles de ne pas lui ôter son insouciance juvénile, cet optimisme pour lequel son cœur s'emballait et battait plus fort que jamais.
Toutefois, malgré l'intensité de cette humeur si exceptionnelle, l'amertume de vivre au jour le jour sans un nom, sans une identité reconnue, sans réellement convenir à cette vie en communauté, se faisait de plus en plus pesante.
Comment subsister dans les mémoires, s'il était possible de mettre un nom sur la plus superficielle des pensées, alors pourquoi ne pouvait-elle pas en avoir ?
Lorsque le poids de son existence s'avérait trop lourd pour son âme, elle s'en retournait auprès du promontoire duquel elle venait observer les constellations, au-delà du monde des hommes. Ainsi, elle déployait le timbre de sa voix, trop souvent dissimulé, rarement entendu et encore moins écouté. Ainsi, elle chantait pour elle mais surtout pour ceux qui lui témoignaient de l'attention, des turlurettes qui déversaient un déluge d'émotions. Ainsi, son chagrin s'effaçait, ne laissant qu'une trace infime de son passage.
Pourtant, au plus profond d'elle-même, elle savait. Elle savait qu'elle ne pourrait supporter une telle détresse des jours encore. C'est pourquoi, une fois la nuit tombée, comme à son accoutumée, elle fit mine de se rendre à son perchoir. Cependant la falaise astrale ne se voulait pas être sa destination, pas ce soir.
A la lisière des bois qui bordaient son village, résidait un vieillard, un homme pour qui la solitude et la quiétude de la forêt avaient été préférées à la compagnie et l'effervescence. Réputé pour prodiguer des conseils aux nécessiteux, il ne dérogea pas à son renom lorsque la douce lui énonça son incertitude.
Après avoir soigneusement pris en considération le mal qui rongeait l'esprit de la rêveuse, le doyen lui tint à peu près ce langage :
« Belle enfant, peut-être n'es-tu pas ce que tu penses être, seul ton cœur est à-même de t'offrir ce que tu recherches. »
Ces mots hantèrent ses nuits sans relâche, jusqu'au solstice d'hiver, tandis que l'obscurité gagnait l'univers des mortels, elle rejoignit la butte. Ses yeux vagabondèrent sur la surface aquatique en contrebas, comme une unique entité nébuleuse, l'océan et les cieux ne faisaient plus qu'un.
Puis elle embrassa les paroles du vieil homme, tout son corps lui suggérait de plonger dans l'abîme stellaire, et c'est ce que cette curieuse jeune femme à l'optimisme ravageur fit.
Elle alla à la rencontre des siens, elle qui n'avait jamais trouvé sa place ici-bas.
De nos jours, il est dit, que depuis le perchoir, l'on peut parfois entendre les chants de ce diamant étincelant à la lueur de ses frères et sœurs.